Ce blog parle de villages dont on s'occupe peu dans les médias, parfois miniers comme Saint Florent sur Auzonnet, niché dans une vallée retirée, envaginé au creux de montagnes, Molières sur Cèze, Le Martinet, Saint Jean de Valériscles, La Grand Combe etc... Une vie poétique et dure à faire renaitre pour tous. Germinal. Ayant filé plus loin que prévu -grâce à Aliaa Elmahdy- il est à présent bilingue français-anglais. This blog speaks about Cevennes villages unknown in media, sometimes mining (coal), Saint Florent, nestled in a secluded valley, Molières, Le Martinet, St. Jean, La Grand Combe ... A poetic and hard life revives here. Germinal (Zola). Having spun further than expected, thanks to Aliaa Elmahdy, it is now bilingual. Note: if someone finds mistakes in english, I would be pleased if he corrects them ! Thanks. Hélène Larrivé

samedi 9 juin 2012

La curée, The curee (Zola)


 
"La curée" est une histoire quasi stendhalienne (malgré l'anachronisme) d'un parvenu, pervers, ici un affairiste "politique" désireux de réussir à tout prix, qui ne le cache guère et y parviendra, d'une curieuse manière, triple : d'abord par la trahison et l'opportunisme qui vont jusqu'à la mort, y compris d'un proche (changeant de casquette lorsqu'il sent tourner le vent en faveur de Napoléon III, il le laissera fusiller sans intervenir, donnant ainsi des gages au nouveau pouvoir rallié in extremis), puis par la corruption, il spécule ensuite sur des biens qui vont lui être rachetés dix fois le prix, usant des informations d'un frère ministre –et complice– qui connaît les projets de rénovation de Paris et peut les infléchir (c'est qu'on pourrait appeler de nos jours un délit d'initié) et enfin il exploite des "établis" de tous temps, riches personnages futiles et finalement désarmés présentés comme décadents et naïfs, les femmes en premier évidemment, allant jusqu'à consentir, alors que sa propre épouse gravement malade n'est pas encore morte... (elle expirera opportunément peu après) à se marier avec une jeune, belle et riche aristocrate, unique héritière d'une fortune, malencontreusement violée au sortir du couvent (par un homme plus âgé qu'elle de 20 ans) et enceinte, que son père cherche à tout prix à établir (elle fera une fausse-couche et ce sera tout bénéfice).

Zola pointe ici la fragilité des anciennes classes dominantes engluées dans des positions morales rigides, inadéquates et mortifères dont les femmes font les frais en tout premier lieu, le père n'ignorant rien de ce que vaut Saccard et des raisons pour lesquelles il consent à épouser Renée, l'initiant lui-même, sacrifiant ainsi sa fille à ce qu'il croit être l'honneur de son nom. Elle s'étourdira ensuite par une vie futile et dispendieuse, quelques amants de la même veine, dans l'indifférence d'un mari auquel de telles dispositions conviennent parfaitement. Frustration? irrespect pour cet époux plus âgé qui sous des dehors aimables la méprise et l'exploite ouvertement ? (il a accaparé tout son argent, elle l’ignore mais sait fort bien qu'il ne l'a épousée que pour le profit), elle tombera follement amoureuse de son propre beau-fils rappelé de Province par son père, un être comme elle (le cynisme en plus) léger, inconsistant, voguant au gré des circonstances et totalement dépendant de Saccard qui a tout pouvoir sur lui. Un amour fou envers un homme enfant qu'elle domine, qui ne lui semble pas dangereux ; ayant été violée puis mariée de force par son père avec un homme qui n'en voulait qu'à sa position et sa dot, les hommes plus âgés lui semblent redoutables. Notons que la différence entre son beau-fils et elle est moindre qu'entre Renée et son mari. Maxime lui cède et ce sont quelques moments de gaieté, de bonheur pur et enfantin, insouciants. Ils se cachent à peine.

Saccard découvre l'adultère et en pragmatiste glacé, occulte sa fierté pour s'en servir. Il sait immédiatement tirer profit de toutes situations, même les plus tragiques, inattendues ou blessantes. Coup double encore une fois : désireux à présent de se débarrasser d'une femme encombrante qui risque de le dénoncer (il a besoin de toute sa dot, du reste déjà investie dans ses affaires, se trouve à ce moment au creux de la vague et ne peut la rembourser), il va utiliser son fils pour la briser, et le briser par la même occasion mais peu lui en chaud, en lui faisant miroiter un riche mariage avec une jeune fille infirme et aimable qu'aucun jeune homme de son milieu n'aurait volontiers pris pour femme, seule issue pour le sauver de la banqueroute.. Double but. Le jeune homme résiste.. puis cède sous la pression. Désespérée par la trahison du seul être qu'elle ait aimé, Renée tentera de le reconquérir, en vain, et sombrera dans la folie. Elle mourra opportunément peu après de douleur (et d'une méningite). Maxime est marié, sa jeune épouse ne vivra pas longtemps, la fortune de Saccard est une fois de plus sauvée par les femmes et les affaires.

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"The curee" is a novel from Zola which evokes those of Stendhal. (A man who uses of women to climb in social scale.) It puts on scene a cynic character, Saccard, who wishes with passion succeed in society at any cost. First he betrays an comrade and cousin that he leaves to be shot in front of him without intervening, so to give pledges at the new power that he has rallied in extremis when he has felt the tide change. Secondly, by women, rich women, aristocrats, a bit artless. Arrived in Paris, he accepts to marry Renée, a young rich lady, but pregnant (after a rape) whose father, to save what he thinks to be the honour of their name, is searching an husband quickly. But problem, he has a wife, very ill, but not yet dead ! Never mind, he is OK to marry Renée ! His wife dies opportunely, so he can have Renée ... and above all her money ! that he uses to his own affairs (speculation with his brother's complicity, minister who reveals him the renovation projects of Paris, so he buys buildings that he will sell after one hundred time more at the city).. without warning her in any way ! Unhappy, with such a husband who despises and exploits her, Renée falls in love with Maxime, her step-son, a child-man who she dominates. Raped, forced  by her father to married a despicable man she does not love, she is wary of men. Here, at last, she has moments of pure happiness with the young boy.. But Saccard discovers his cuckolding... and intends to take profit of this, as he does for everything, even of tragedies. Because now, he desires to get rid of such an useless wife that he has stripped and he has no money to give back her dowry as he has to do if he divorces for he has all invested in his affairs ! So, he convinces his son to leave Renée, promising him a rich marriage with a infirm and amiable young girl.. and Renée, who has in vain tried to regain Maxime, dies, crazy of despair. Thus, Saccard is twice saved of ruin.